La résilience : un chemin vers la reconstruction.

La résilience désigne la capacité d’un matériau et ici, d’un individu à s’adapter après un “traumatisme”. Contrairement à l’idée que “ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort”, chaque choc laisse une trace. La résilience ne signifie donc pas oublier ou devenir invulnérable, mais plutôt apprendre à vivre différemment avec ses blessures.
Un concept essentiel
Popularisé par Boris Cyrulnik, le concept de résilience est inspiré de la physique : c’est la capacité d’un matériau à résister aux chocs. En psychologie, elle désigne la faculté de vivre et de se développer malgré l’adversité. Chaque traumatisme laisse une trace, qui peut fragiliser, mais aussi mener à une nouvelle organisation de soi.
La résilience, c’est l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité.
Exprimer pour guérir
Face à un traumatisme, deux choix s’offrent à nous : le repli sur soi, qui fige la douleur, ou l’expression, qui permet de l’apaiser. Parler, écrire, dessiner ou sublimer par l’art favorise la résilience. Des études ont montré que les soldats pouvant témoigner de leur expérience développent moins de troubles post-traumatiques.
Suite à un événement traumatique, il faut absolument partager et rester acteur, pour diminuer l’impact de la blessure…
L’importance du lien social
L’isolement est l’ennemi de la résilience. L’histoire des orphelins roumains, privés d’interactions, a prouvé que l’absence d’affection nuit au développement cérébral et émotionnel. À l’inverse, lors du séisme en Haïti, les enfants des rues ont trouvé un rôle en aidant les rescapés, ce qui leur a permis de mieux surmonter la catastrophe.
Facteurs de résilience
La résilience repose sur plusieurs piliers :
- Facteurs individuels : génétique, autonomie, créativité.
- Facteurs familiaux : qualité des liens, environnement sécurisant.
- Facteurs sociaux : groupes de parole, soutien communautaire.
Cependant, la capacité de résilience de chacun est moitié innée, moitié acquise. Les déterminants et les facteurs de résilience peuvent être de trois types : individuels, familiaux et sociaux. Parmi les facteurs individuels, on trouvera la génétique, l’autonomie, la faculté d’adaptation, la charge en sérotonine, la sublimation via le théâtre, l’écriture ou les causes humanitaires. Les facteurs familiaux concerneront une qualité de la communication au sein de la famille, un environnement sécurisant, une idéologie, voire un placement dans une famille d’accueil pour les petits orphelins. Et enfin, on retrouvera parmi les facteurs sociaux la participation à des groupes de parole (y compris si l’on ne parle pas), l’organisation d’une communauté sociale, la religion, l’investissement dans le sport. La gestion du stress post-traumatique doit se penser de façon systémique et non de façon individuelle.
Un rôle clé joué par l’accompagnement
Dans l’accompagnement, chaque geste compte. Une écoute bienveillante, un simple café partagé peuvent amorcer un processus de réparation. Offrir un espace d’expression permet d’éviter la spirale de l’isolement et de la rumination. Elle est un chemin vers la reconstruction, où l’autre joue un rôle essentiel pour continuer à avancer.
Conclusion : La résilience, pour redonner du sens
La résilience n’efface pas les blessures du passé, mais elle permet de les apprivoiser et de continuer à avancer. Comme l’illustrent les travaux de Boris Cyrulnik et de nombreux chercheurs, elle repose sur des mécanismes individuels, familiaux et sociaux. La capacité à mettre en mots, en images ou en actes un traumatisme est essentielle pour ne pas s’enliser dans la souffrance.
Au-delà d’une simple aptitude à “tenir le coup”, la résilience est un véritable processus de transformation. Si le traumatisme laisse une trace, il peut aussi devenir le moteur d’une nouvelle construction, différente, mais non moins solide.
Dans cette dynamique, l’entourage joue un rôle fondamental : un réseau de soutien, une écoute bienveillante ou encore des actions collectives peuvent être des leviers puissants pour accompagner ceux qui traversent des épreuves.
Finalement, la résilience nous rappelle une chose essentielle : malgré les chocs de l’existence, il est toujours possible de se reconstruire. L’humain a cette incroyable capacité de renaître autrement, de redonner du sens à son histoire et d’écrire un nouveau chapitre.
Bibliographie :
- F. Nietzsche. Le Crépuscule des idoles ou Comment on philosophe avec un marteau. 1888
- Boris Cyrulnik. “Plongée dans l’univers de la résilience”.
- Anaut Marie, “Le concept de résilience et ses applications cliniques”, Recherche en soins infirmiers, 3/2005 (N° 82), p. 4-11.