Avez-vous peur ?
Il faut parfois toute une vie pour apprendre à marcher et aujourd’hui est un beau jour pour faire un grand pas en avant !
Tout le monde à peur, tous, hommes, femmes, enfants, jeunes, vieux quelques soit notre culture, nos croyances, notre situation de vie. Nous refusons de l’admettre dans la majorité des cas parce que nous en avons honte. Certains peuvent vous dire qu’ils n’ont peur de rien hormis la peur générée par l’instinct de survie ou celle qui est de perdre les gens que l’on aime. Dans la plupart des cas c’est l’ego qui rentre dans le jeu. Un ego fort, une fierté qui puisent au-delà de la conscience, qui s’ancre dans une façon d’être, une façon de vivre. On peut se persuader que l’on a le contrôle, le pouvoir et que de fait nous n’avons peur de rien. Mais au fond de soi, sommes-nous si convaincus que cela ? La peur ne régit-elle pas là aussi, au fond de notre inconscient, des fonctionnements que l’on peut croire adéquats, mais qui ne le sont pas ?
Non, non, le premier pas est de ne plus avoir peur du mot “peur”.
Je sais que le mot “Peur” choque ! C’est toujours difficile d’admettre que l’on a peur. Notre fierté nous pousse à penser que les autres vont nous prendre pour quelqu’un de faible et pire encore profiter de notre peur. Alors on va trouver une autre façon d’exprimer cette émotion : le stress, l’inquiétude, l’incertitude, l’appréhension, la crise, la réaction de l’autre, la mondialisation, les politiques des extrêmes, le cataclysme… Toutes logiques, extérieures à nous. Et si je ne veux pas dire que j’ai peur ? Il y a des chances que cela rumine là haut, dans le cerveau, que ça tourne comme le hamster dans sa roue et qu’au final on soit malheureux et que l’on se rende malade. Tout cela pourquoi ? Parce que l’on ne veut pas prononcer le mot “peur” ? Non, non, le premier pas est de ne plus avoir peur du mot “peur”. Une fois que l’on a réussit à admettre cette émotion des plus normale de la vie, on peut partir sur la route qui nous mènera petit à petit à la libération.
”Quelle est la grande peur qui m’habite ?”
Pour commencer, on pourrait vraiment explorer quelles sont les grandes peurs qui nous habitent et souvent la peur prend des thèmes bien différents : peur de la maladie, peur du regard de l’autre, peur de claquer, peur de perdre, peur d’être rejeté, peur d’être abandonné… Il est important de se demander ”quelle est la grande peur qui m’habite”. Pour l’apprivoiser, il faut dans un premier temps être extrêmement vigilant. On peut réfléchir sur plein de choses, mais le terreau du quotidien semble être la matière la plus vivante sur laquelle nous pouvons faire feu de tout bois sur les questions de la peur.
Dès notre naissance, nous avons vécu des situations, parfois totalement anodines, qui ont pu générer une peur : peur de décevoir nos parents en faisant une bêtise, peur de se faire gronder, peur d’avoir une mauvaise note, peur de se faire mal, peur transmise par nos parents qui sans s’en rendre compte, par une simple remarque, ont pu induire la peur. Au-delà on peut aussi avoir peur de ne pas être aimé, de ne pas être aimable, peur d’être abandonné (on peut vivre enfant très jeune une situation qui imprime cette peur au fond de notre être) et il ne serait peut-être pas fou de dire que finalement nous avons plus ou moins tous cette peur ancrée en nous. Qui pourrait imaginer qu’à la naissance, une séparation d’avec notre mère à l’accouchement, pourrait entrainer au fond de notre inconscient une sensation d’abandon ? Les sources de la peur a pour origine la période de la petite enfance. Cette période est déterminante dans le sens où enfant nous sommes totalement dépendant de notre entourage et si celui-ci ne répond pas de manière adéquate au besoin essentiel à notre développement, l’enfant ressent des angoisses qui se traduiront par la peur.
La peur est une émotion transmise depuis des générations et ce qui est frappant c’est de réaliser à quel point nous éduquons nos enfants en leur transmettant la peur. Nous avons peur pour eux, pour toutes sortes de choses et nous leur transmettons ce regard tourné vers la peur : peur pour l’avenir, peur qu’ils se blessent, peur des agressions, peur des pervers, peur de tout. En leur disant « attention » pour tout (tout ça pour les protéger) quel regard sur le monde et la vie leur transmettons-nous ? C’est une mauvaise façon de gérer notre propre peur !
“Tout ça invite plutôt à la grande prudence, pas une prudence frileuse, mais une prudence vertueuse, une capacité se demander honnêtement, sans Ego, sans fierté, de quoi nous avons peur.“
Alors la peur qui peut nous tenailler, c’est la peur de quoi ? De quoi j’ai vraiment peur ? Libre à chacun de répondre, mais de ne pas répondre trop vite, car ce n’est pas toujours évident de répondre à quoi nous avons peur.
Mais si nous souhaitons regarder certaines peurs en face pour nous en débarrasser, nous pouvons commencer par les plus simples, les quotidiennes, celles qui finalement ne nous appartiennent pas vraiment, mais sont inscrites dans un fonctionnement, une éducation, l’information, on peut même parler d’un système perverti, patriarcal, qui contrôle par la peur !
Se débarrasser de certaines peurs nous mènera sur le chemin d’une vie plus agréable, plus sereine et surtout nous permettra de faire des choix plus justes et de nous épanouir. Cerise sur le gâteau, nos relations aux autres en seront certainement plus ouvertes, plus libres et beaucoup plus belles.
C’est souvent face à une situation compliquée que nous devons mettre en marche cette capacité à nous regarder dans un miroir, à faire le choix de nous effondrer à cause de la peur ou bien de la balayer, en analysant la réalité de son existence, son inconsistance souvent.
Il n’y a pas de courage sans peur !
La situation de ce mois de mars, avec l’épidémie du Covid-19 est un moment inédit, empli de peurs de toutes sortes : des grosses, des folles, des petites, des inédites et beaucoup d’autres auxquelles on peut tordre le coup. Des peurs générées par la désinformation, des peurs créées par les bonimenteurs des réseaux sociaux, par des informations télévisuelles trop regardées, peurs générées par trop d’informations contradictoires, peurs projetées par les autres qui se déchargent de leurs angoisses, peur des inconscients qui pensent que c’est un complot, peur des individualistes forcenés, des irresponsables qui pensent que ça n’arrive qu’aux autres… et bien plus encore. Ces peurs donnent lieu à une foule de réactions toutes plus dingues les unes que les autres et pour certaines donnent une image de la nature humaine plutôt…. Dégueulasse !
Alors, comment faire ? Se poser, regarder tranquillement ces peurs, une à une, sans se juger, réaliser qu’elles n’ont pas de véritable fondement, refuser son phantasme et se demander comment serait notre journée si on ne les ressentait pas. S’il y a des sources qui réactivent ces peurs, essayer de ne plus les laisser vous déstabiliser (éteindre la télé, ne pas laisser les autres se déverser sur vous, se tenir informer oui, mais avec des sources moins nombreuses, éviter les flux à sensations sur les réseaux sociaux, les fake news…). Se recentrer sur son propre ressenti, son bon sens, regarder les gens que l’on aime et prendre confiance en soi et en sa capacité à faire les bons choix. Sortir de l’individualisme, se rendre compte que l’on n’est jamais seul, jamais vraiment si l’on ouvre sa porte.
“Relevez-vous et n’ayez pas peur.”
Matthieu 17-7
La
seule peur “naturelle” que nous aurons le plus de mal à adoucir, c’est
la peur de mourir. Celle-ci doit être regardée avec beaucoup de sagesse,
de délicatesse, de douceur et même d’Amour. Nous mourrons tous un jour
et c’est justement ce qui donne toute la beauté à la vie. Alors, autant
vivre pleinement jusque-là.
Lorsque la peur disparaît, s’évanouisse
avec elle le besoin de domination, l’envie, la jalousie, la course à
l’argent, le besoin de contrôle, qui nous empêchent d’avancer,
d’entreprendre et d’aimer.
Je n’ai plus peur. Je marche. J’existe. Je vis enfin !
La lumière qui sortira de ce nettoyage des peurs, je l’appellerais : Amour