Le vilain petit canard : étiquettes, croyances, un miroir cassé !

Gravée au fronton du temple d’Apollon à Delphes, la maxime la plus célèbre du philosophe grec Socrate (470-399 av. J.-C.), « Connais-toi toi- même » a traversé les siècles. Pour Socrate, les hommes doivent s’interroger sur leurs propres qualités, s’instruire à propos d’eux-mêmes, comprendre qui ils sont, pour décoder le sens véritable de leurs comportements et tenter d’acquérir les capacités qui leur manquent. Cette maxime est toujours dans l’air du temps. Mais souvenons-nous plutôt du conte traditionnel d’Hans Christian Andersen Le Vilain Petit Canard, dont nous avons tous entendu et/ou lu le récit. Une allégorie qui transmet, qu’en chacun de nous, sommeil le talent d’être soi, au-delà des étiquettes et croyances que le monde nous a collées les premières années de notre vie.

« Il était une fois… C’était l’été, une cane installée sur son nid, couvait consciencieusement ses œufs. À leur éclosion, l’un d’eux, un étrange petit canard, ne ressemblait pas à ses frères et sœurs de couvée. Il était grand, gris foncé, tout dégingandé et laid. La cane prit ses petits canetons sous son aile, et tous ensemble partirent faire une promenade sur le lac.

Le lendemain, la mère cane vint présenter sa nouvelle famille à tous les animaux de la basse-cour. Mais lorsque ceux-ci s’aperçurent de la différence du dernier venu, les réactions ne se firent pas attendre.

“Celui-là, nous n’en voulons pas !” Et aussitôt une cane lui mordit le cou.

“Laisse-le tranquille”, dit la mère, “Il ne fait de mal à personne.”

“Non peut-être, mais il est trop grand et trop laid”, dit la cane qui avait mordu.

“Il n’est pas beau, mais il a bon caractère, et il nage magnifiquement bien. Il est resté trop longtemps dans son œuf, voilà pourquoi il est si gros”, dit la mère.

Hélas, le pauvre vilain caneton fut mordu, bousculé, nargué toute la journée, et ce fut de pire en pire ensuite. Le pauvre petit fut pourchassé par tout le monde, même ses frères et sœurs l’ont rejeté. Un jour, sa mère lui dit : “Je voudrais que tu sois bien loin mon chéri !”

Alors le vilain petit canard s’envola par-dessus la haie et parvint au grand marais habité par les canards sauvages. Il se cacha dans un coin et il y passa toute la nuit, très las et très triste. Le matin, les canards sauvages l’aperçurent et lui dirent : “Quelle sorte d’oiseau es-tu ?”

Le caneton se tourna de tous les côtés, et répondit en bégayant : “Je, je, je suis un canard !”

“Aaah ! Tu es vraiment laid. Mais ça nous est égal, pourvu que tu ne te maries pas dans notre famille”, dirent les canards sauvages. Sur son chemin, ceux qu’il rencontra ne l’acceptèrent pas vraiment non plus…

Un jour, cependant, ébloui par la beauté des cygnes, le vilain petit canard décida d’aller vers eux. En se mirant dans l’eau, il prit conscience qu’il n’était pas un vilain petit canard, mais un magnifique cygne. Bouleversé, il tomba violemment dans les profondeurs de l’étang. Quand il rouvrit les yeux, les grands cygnes nageaient autour de lui et le caressaient tendrement avec leurs becs. Alors ses plumes se gonflèrent, son cou se dressa et heureux comme jamais, il comprit enfin le bonheur d’être accepté et d’avoir trouvé une famille. C’est ainsi qu’il finit par se faire respecter des autres et qu’il devint plus beau que jamais et admirable, par métamorphose. »

Hans Christian Andersen : Le vilain petit canard

Ce conte traditionnel raconte l’histoire de vie d’êtres qui ont vécu un manque de sécurité, qui ont subi le rejet et l’exclusion par d’autres, en raison de leur apparence physique ou de leur différence. Toutes les composantes de l’estime de soi – la confiance en soi, la connaissance de soi, le sentiment d’appartenance à un groupe et le sentiment de compétence – en sont fortement ébranlées. Pourtant, ce conte traditionnel véhicule une morale et un enseignement qui peuvent inspirer ces êtres, dont l’estime de soi est fragilisée, pour croire en l’espoir d’un devenir positif. Il nous apprend aussi notre rôle dans le soutien social à leur égard. La richesse de la morale de ce conte est tellement exemplaire qu’elle a généré une importante filiation artistique et une créativité, pour nous la faire partager. Des adaptations du conte ont été réalisées dans toutes les langues, pour des publics de tous les âges. En 1914, le compositeur russe Sergueï Prokofiev a écrit une œuvre musicale, pour voix et piano, basée sur l’adaptation du conte par Nina Mershchersky’s. Les studios Disney l’ont mis en valeur dans un dessin animé en noir et blanc en 1931, et en couleur en 1939. Depuis, Le Vilain Petit Canard s’est adapté en comédie musicale et, encore récemment, en films d’animation.

La question essentielle que l’on se pose est la suivante : comment de « vilains petits canards », fragilisés dans leur soi, peuvent se métamorphoser en magnifiques et dignes « cygnes » ?

De ce conte et de ses dérivés, nous pouvons découvrir comment l’enfant, en grandissant, doit apprendre à se connaître et s’accepter tel qu’il est, dans toute sa singularité, même si parfois son entourage lui renvoie une image négative de lui-même et ne l’aide pas à développer l’estime de soi. Que ce soit par la différence qu’un enfant porte ou par des événements de vie, il y a des ressources auxquelles il peut faire appel et qu’on doit lui procurer, pour qu’il se valorise et soit valorisé par autrui.

Depuis le conte traditionnel d’Hans Christian Andersen, Le Vilain Petit Canard, en passant par les écrits du psychiatre Boris Cyrulnik, Les Vilains Petits Canards, ou encore Christophe André pour ne citer qu’eux, des clés nous ont été proposées afin d’ouvrir les portes pour cette métamorphose et devenir ce que nous pouvons être. La première clé est un Mantra, nous avons TOUS des dons et du courage… il faut simplement en prendre conscience et partir à la recherche de ce qui nous a convaincu du contraire !

Je vous accompagne à la découverte de vos forces pour soigner vos blessures d’estime et de confiance en vous !